
« In India », le nouveau livre de Mitch Epstein publié par l’édition Steidl
» In India » de Mitch Epstein aux couleurs des années 80
Le photographe américain Mitch Epstein revisite ses images de l’Inde des années 80 dans un nouveau livre In India, publié par Steidl. L’ouvrage rend compte de son immersion et de son initiation en Inde.
« Les bonnes idées viennent quand on pose des questions et qu’on est ouvert » – Mitch Epstein.
In India, un corpus photographique qui crie haro sur le noir et blanc
Dans les années 1970, on considère Mitch Epstein, à l’instar de Raghubir Singh, William Eggleston, Luigi Ghirri, John Batho, Stephen Shore et Joel Sternfeld, Joel Meyerowitz, Harry Gruyaert ou Saul Leiter, comme l’un des principaux pionniers de la photographie couleur. Tous ces photographes voulait en effet remettre en question l’idée dominante selon laquelle la couleur était un médium moins raffiné que le noir et blanc.
Il faut savoir, qu’avant 1980, la photographie couleur n’avait de valeur que dans la publicité. Aussi, Mitch Epstein ne souscrivait aucunement à ces normes esthétiques. A ce sujet, son dernier ouvrage In India s’inscrit dans cette revendication esthétique.
Tout part de la redécouverte de vieilles planches de contact
Profitant du confinement durant la pandémie, Mitch Epstein a revisité ses planches de contact issues de ses huit voyages en Inde. Il a ainsi redécouvert son travail avec un regard nouveau. Le résultat est In India, un livre réalisé avec l’imprimeur et éditeur Gerhard Steidl .
Où l’Inde devient une expérience plus initiatique que documentaire
En 1978, après son mariage avec la cinéaste indienne Mira Nair[1]Mira Nair est une cinéaste indienne qui a su imposé sa voix en Inde, pays où les droits des femmes sont souvent bafoués. Elle est connue pour ces films comme « Salaam Bombay ! », «Mariage des … Continue reading, ses photographies de cette période, publiées sous le titre In Pursuit of India en 1987 et In India publié en septembre 2021, reflètent une quête d’initiation à la culture indienne.
In India, de Mitch Epstein 2021.
Photo 19 : Rekha, Bombay, Maharashtra, 1984.
Tout d’abord il faut dire que la période, entre 1978 et 1989, lui a permis de mieux comprendre la société indienne. Les tournages de sa compagne Mira Nair, lui auront permis, entre autres, de réaliser des photographies intimistes.
Les possibilités qu’a eues le photographe de découvrir le microcosme indien grâce à Mira Nair ont, par conséquent, changé sa pratique de la photographie. Moins attaché à une vérité documentaire, il préfère au contraire produire des images qui expriment plus une expérience personnelle, initiatique et authentique.
In India, un ouvrage de photographies aux antipodes de l’exotisme ?
Le photographe américain a acquis un point de vue moins exotique que la plupart des photographes comme Steve McCurry, Cecil Beaton, Norman Parkinson, Henri Cartier Bresson, Marc Riboud, Derr Moore ou Don McCullin [2]Nathaniel Gaskell and Diva Gujral,Photography in India: A Visual History from the 1850s to the Present, , Page 135, V. The New Exotic, Prestel, 2019.. Mitch Epstein préfère donc s’émanciper de ces lieux communs. C’est pour cela que Mitch Epstein ne veut pas réutiliser les mêmes figures invariantes : le système des castes, les couleurs saturées, la religion hindouiste ou l’imagerie éculée de l’empire britannique.
« Je travaillais dans une culture extraordinairement compliquée, avec le grand privilège d’avoir un double point de vue », confie Mitch Epstein dans sa préface. « Grâce à mon mariage et à ma vie de famille intime, j’ai acquis une perspective indienne – jamais complètement bien sûr, mais plus que si j’avais été un touriste. En même temps, comme j’étais Américain. Je n’étais pas encombré par les codes complexes et politiquement tendus de la caste, de la classe et de la religion qui régissaient la vie de la plupart des Indiens. »[3]Mitch EPSTEIN, In India, Steidl, 2021.
Où l’Inde devient une expérience plus initiatique que documentaire
In India, de Mitch Epstein 2021.
Photo 41 : Taxi Driver, Kutch, Gujarat, 1984.
Les photographies de Mitch Epstein témoignent d’une sensibilité aux nuances sociales et aux complexités culturelles. Par ailleurs, chaque image s’imprègne délicieusement de la palette de couleurs vibrantes de l’Inde des années 80. Récits ouverts. Paysage dramatiques.
Le livre In India de Mitch Epstein ne se lit pas, il se vit !

Edition : Steidl (28 September 2021) Language : Anglais
Hardcover : 144 pages
Spécificité : Première édition
ISBN-10 : 3958299679
ISBN-13 : 978-3958299672
Poids : 1500 grammes
Dimensions : 28.5 × 32 cm
Références
↑1 | Mira Nair est une cinéaste indienne qui a su imposé sa voix en Inde, pays où les droits des femmes sont souvent bafoués. Elle est connue pour ces films comme « Salaam Bombay ! », «Mariage des moussons» ou « India Cabaret » (1985). |
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↑2 | Nathaniel Gaskell and Diva Gujral,Photography in India: A Visual History from the 1850s to the Present, , Page 135, V. The New Exotic, Prestel, 2019. |
↑3 | Mitch EPSTEIN, In India, Steidl, 2021. |